UVEITE
Définition
Symptômes
Uvéite antérieure
Les principales étiologies des uvéites antérieures granulomateuses unilatérales sont les étiologies virales (uvéite liée à aux virus du groupe herpès ; iridocyclite de Fuchs, uvéite de Posner Schlossman) tandis qu’en cas d’atteinte bilatérale, les deux principales étiologies sont les uvéites liées à l’hypersensibilité à la tuberculose et la sarcoïdose.
Les uvéites antérieures sont traitées par des collyres corticoïdes, des agents mydriatiques pour mettre au repos le corps ciliaire et prévenir la formation de synéchies iridocristalliniennes inflammatoires, associées transitoirement à un traitement hypotonisant en cas d’hypertonie inflammatoire.
Uvéite intermédiaire
Les uvéites intermédiaires (inflammation primitive du vitré) sont idiopathiques (« pas de cause retrouvée ») dans 80% des cas. Ses deux autres étiologies principales sont la sarcoïdose et les pathologies démyélinisantes. Les uvéites intermédiaires non compliquées ne nécessitent pas de traitement. En cas de complications (vascularites rétiniennes, œdème maculaire cystoïde, papillite etc.) un traitement local ou systémique peut être débuté : les rechutes sont fréquentes et peu de traitement sont efficaces. Il faut toujours éliminer un masquerade syndrome dont le plus fréquent est le lymphome vitréo-rétinien.
Uvéites postérieures
Parmi les rétinochoroïdites infectieuses, la toxoplasmose est l’étiologie la plus fréquente, avec de grandes disparités géographiques. L’atteinte ophtalmologique concerne 2% à 17,7% des sujets ayant une sérologie toxoplasmose positive aux USA et dans le sud du Brésil. Le foyer de rétinochoroïdite est facilement identifiable sous forme d’une lésion blanchâtre à bords flous avec hyalite en regard, satellite d’une lésion cicatricielle pigmentée et atrophique. Des périphlébites, une artérite de Kyrieleis, voire des territoires d’ischémie peuvent être associés. En cas de toxoplasmose extensive chez l’immunodéprimé, le diagnostic différentiel avec une rétinite virale impose la réalisation d’une ponction de chambre antérieure à la recherche directe du parasite par PCR et d’une synthèse locale d’anticorps anti – Toxoplasma gondii.
Devant des foyers choriorétiniens ou choroïdiens multiples, il convient d’éliminer les étiologies infectieuses, puis de réaliser des examens complémentaires à la recherche de pathologies systémiques inflammatoires. Environ 30 à 60 % des patients avec une sarcoïdose systémique développeront une atteinte ophtalmologique. L’uvéite classiquement granulomateuse est la manifestation la plus fréquente (30% des patients). L’uvéite postérieure stricto sensu est retrouvée chez 28 % des patients avec une sarcoïdose oculaire. Elle est compliquée de périphlébites et d’infiltrats rétiniens en taches de bougie. L’angiographie à la fluorescéine permet de visualiser les vascularites et les territoires d’ischémie tandis que l’ICG peut mettre en évidence des granulomes choroïdiens. Environ 10 % des patients avec une uvéite sarcoïdosique évolueront vers la cécité dont la cause principale est l’œdème maculaire chronique. Même si l’uvéite sarcoïdosique est particulièrement cortico-sensible, le recours aux immunosuppresseurs est néanmoins nécessaire dans 5 à 15% des cas.
La maladie de Vogt Koyanagi Harada se manifeste par une panuvéite granulomateuse bilatérale avec décollements séreux rétiniens multiples et papillite dans les jours suivant une phase prodromique systémique souvent frustre.
L’uvéite postérieure est la deuxième atteinte ophtalmologique de la maladie de Behçet (30%) après la panuvéite (60%). Elle est associée à une hyalite, à des condensations en colliers de perle à la base du vitré dans un tiers des cas et à des vascularites rétiniennes occlusives à prédominance veineuse. Des infiltrats rétiniens superficiels résolutifs accompagnent des foyers de rétinite nécrosante. Les deux principales complications oculaires qui grèvent le pronostic sont l’œdème maculaire et l’atrophie optique consécutive à une inflammation sévère du nerf optique. Le traitement, comme pour le VKH, repose sur l’instauration rapide d’un traitement anti inflammatoire. Les anti TNF alpha sont recommandés en première ligne.
L’ophtalmie sympathique est une panuvéite granulomateuse dont les caractéristiques cliniques et angiographiques sont comparables à celles du VKH, à ceci près qu’elle se développe dans l’année suivant le traumatisme de l’œil controlatéral. Un traitement immunosuppresseur est également souvent nécessaire pour améliorer le pronostic fonctionnel.
La rétinochoroïdopathie de type Birdshot (RCB) est une uvéite bilatérale d’évolution insidieuse chez une femme âgée, HLA A29 +. Des taches profondes prédominantes en nasal de la papille, associées à une hyalite modérée, sont visibles au fond d’œil. L’angiographie à la fluorescéine met en évidence des lésions de vascularite et une capillaropathie. Des taches hypofluorescentes, infiltrats nodulaires choroïdiens, aux temps précoces de l’ICG s’imprégnant tardivement sont évocatrices du diagnostic mais peuvent ne pas être visibles chez 20 % des patients. L’œdème maculaire complique 60 % des RCB . L’imagerie multimodale, le champ visuel et surtout l’ électrorétinogramme permettent de suivre l’évolutivité inflammatoire.
Le syndrome des taches blanches comprend le MEWDS, la choroïdite multifocale, la choroïdite ponctuée superficielle, l’épithéliopathie en plaques et la choroïdite serpigineuse. La distinction entre ces entités résulte de l’anamnèse, de l’aspect clinique et angiographique, de l’EOG, de l’ERG et de leur évolutivité. La choroïdite multifocale apparait sous forme de taches jaunes en moyenne périphérie rétinienne ou en péripapillaire qui correspondraient à des granulomes lymphocytaires choroïdiens. L’angiographie à la fluorescéine montre une imprégnation des lésions actives, hypofluorescentes aux temps précoces. La néovascularisation survient dans 33% des cas sur les bords des lésions cicatricielles.
Après élimination des étiologies infectieuses, le traitement des uvéites postérieures non infectieuses repose sur la corticothérapie systémique associée à des immunosuppresseurs en cas de menace visuelle ou de passage à la chronicité.